Synopsis : Une femme se réveille sur une planète lointaine et découvre que l’équipage de sa station spatiale a été sauvagement tué. Elle doit alors décider si elle peut faire confiance à l’homme envoyé à sa rescousse.
Ressenti : Ash (2025), réalisé par Flying Lotus (Steven Ellison), est un film de science-fiction horrifique au budget modeste de 500 000 dollars. Malgré ses ambitions visuelles et son atmosphère immersive, le film présente des lacunes narratives qui limitent son impact global.
Malgré ses défauts de réalisateur a incontestablement le sens du style. Dans son premier long-métrage, l’anthologie Kuso, qui rappelle Adult Swim, le musicien-réalisateur a réuni une multitude de talents, dont Akira Yamaoka de Silent Hill et David Firth de Salad Fingers. Son deuxième film, le subtil film d’horreur de science-fiction Ash, cherche toujours à attirer le public nocturne mais par ses influences plutôt que par ses collaborateurs. Enveloppant une esthétique Dead Space d’un thème Alien simple mêlé à un élément fort de The Thing et un équipage en mission spatiale floue manœuvre dans des couloirs étroits, enfile des combinaisons spatiales ornées de câbles, pratique l’autochirurgie et brandit des lance-flammes facilement accessibles : Ash rend un hommage audacieux au genre médiatique que Flying Lotus admire manifestement. Cependant, créer un film d’horreur dark nécessite malheureusement une certaine dose de pleine conscience.
Outre le choix louable d’ambiances et la contribution de FlyLo à la bande originale électronique dense et riche en basses, le plaisir psychédélique, gore et collant que l’on retrouve ici se porte principalement sur Ash, en grande partie grâce au scénario laborieux de Jonni Remmler. Si le film commence de manière explosive, réveillant Riya (Eiza González) dans une station isolée, entourée des restes mutilés de ses anciens camarades, le film dérive sans but entre différentes chronologies vers une révélation certaine. Les courts flashbacks sur l’époque où l’équipe de Riya et Adhi (Iko Uwais), Kevin (Beulah Koale), Clarke (Kate Elliott) et Davis (Flying Lotus, qui connaît un destin tragique) étaient en vie et prospères sont minimes, presque aussi silencieux et rares que les moments où ils sont tous étendus au sol, ensanglantés. Prise dans un vide temporel, l’amnésique Riya continue d’avoir des souvenirs effrayants du bain de sang qui est finalement révélé dans son intégralité lors de l’acte final.
Ces interruptions nerveuses, semi-hallucinées, servent exclusivement d’alarmes, de flashs de couleurs et de sons armés, sans répercussions immédiates. Elles semblent être des diversions bon marché dans une intrigue lacunaire, d’autant plus que les souvenirs en question n’appellent pas d’examen. Quiconque a vu un film de science-fiction peut imaginer le déroulement des événements. Ces attentes peuvent rendre la narration encore plus minimaliste lorsque Ash choisit de ne pas s’attarder sur certains de ses autres moments emblématiques : lorsque Brion (Aaron Paul), figure céleste, seul membre restant de l’équipe de Riya, descend pour répondre à son appel à l’aide, les problèmes de confiance entre eux sont peu abordés. Paul est une présence rassurante et engagée mais ni lui ni González n’ont grand-chose à faire d’autre que de contempler la destruction, illuminés par la lumière rouge des signaux d’urgence.

Le gore atteint incontestablement le seuil de l’inconfort avec ses viscères abondants et sa vase extraterrestre visqueuse se mêlant à des tas humides et à des horreurs tortueuses qui, inévitablement, surgissent de leurs formes brisées. Outre les efforts de conception déployés ici et ceux liés au dispositif central du film avec un joyeux scanner japonais qui facilite les autopsies, on y trouve des images fascinantes qui surpassent les effets visuels psychédéliques filtrés de l’extérieur de la station. La planète déserte, nommée ainsi en raison de ses cendres qui s’y déversent, est teintée de rose et de bleu sarcelle, et constitue un personnage secondaire aussi insignifiant que les membres d’équipage décédés.
Cependant, fidèle à ses influences, Ash présente une combinaison structurée de cinéma de science-fiction classique et de scènes classiques à la première personne (que ce soit par le biais d’enregistrements de caméras corporelles factices ou de moments d’anxiété plus explicites, dignes d’un jeu vidéo), qui insuffle aux éléments connus un peu plus de vitalité qu’une imitation classique. C’est une copie inadéquate, facilement reconnaissable sans test sanguin, mais les couleurs ressortent comme les têtes, ce qui pourrait suffire à quelques adeptes de Shudder.

ASH est un film qui séduira avant tout les fans de SF-horreur à la recherche d’un huis clos stylisé, porté par une actrice principale remarquable et une ambiance visuelle forte. Cependant, son scénario convenu, son rythme inégal et ses limites techniques l’empêchent de s’imposer comme une œuvre marquante ou novatrice du genre. Un film à réserver aux amateurs curieux ou nostalgiques, mais qui laissera sur leur faim ceux qui attendent plus d’originalité ou de profondeur narrative
