Critique de film : Presence (2024)

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Synopsis : Une famille est convaincue qu’elle n’est pas seule après avoir emménagé dans sa nouvelle maison en banlieue.

Ressenti : La célébrité de Steven Soderbergh repose en partie sur sa philosophie « un pour eux, un pour moi », qui alterne la production d’œuvres de studio bien connues et l’expérimentation non conventionnelle souvent de faible qualité. Son œuvre la plus récente, Presence, une histoire de maison hantée racontée uniquement du point de vue d’un fantôme semblerait se situer carrément dans cette dernière catégorie. Mais si l’idée saugrenue ouvre un certain nombre de possibilités fascinantes, l’adhésion du film à un rythme conventionnel et peu inspiré fait tomber Presence dans un entre-deux fadet ennuyeux a l’extrème.

Presence commence dans une maison de banlieue vide et présente le point de vue de son personnage principal dans une scène où la caméra de Soderbergh se déplace frénétiquement dans les différentes pièces et monte et descend les escaliers. Un couple marié aisé, Rebekah (Lucy Liu) et Chris (Chris Sullivan) accompagné de leurs deux enfants adolescents, Tyler (Eddy Maday) et Chloe (Callina Liang) ainsi que plusieurs acheteurs potentiels sont rejoints par une agente immobilière (Julia Fox). La jolie maison ancienne impressionne immédiatement la famille et en un seul coup d’œil, elle se remplit des biens de ses nouveaux occupants. Jusque la : tout va bien !!!

Lucy Liu, Callina Liang, Eddy Maday, Chris Sullivan, Julia Fox dans le film Presence (2024)

En utilisant un cadre légèrement déformé, la cinématographie de Soderbergh attribuée à son pseudonyme, Peter Andrews imite d’abord les mouvements persistants d’un fantôme, donnant même étrangement à ce point de vue un sens de la vie. À un moment donné, nous pouvons ressentir la peur de l’esprit d’être emprisonné à l’intérieur, lorsque la caméra est braquée sur une fenêtre. On peut ensuite ressentir la confusion et le malaise du fantôme dans les subtiles secousses de la caméra lorsqu’il commence à entendre certains des problèmes qui couvent sous la surface de cette famille peut-être imparfaite, tels que des activités floues mais peut-être illégales sur le lieu de travail de Rebekah ou le comportement reclus de Chloe après la mort de son amie par overdose de drogue.

Une situation classique est mise en place par la présence où les conflits d’une famille créent un environnement propice à la manifestation plus manifeste d’un esprit. Cependant, le scénario de David Koepp se contente d’un scénario dérivé au lieu de prendre la notion que les problèmes de l’esprit reflètent ceux de la famille dans une nouvelle direction ou du moins d’une manière qui reflète le concept formel du film.

Lucy Liu & Chris Sullivan dans le film Presence (2024)

Il est clair que des problèmes se profilent lorsque Tyler, un athlète du lycée qui s’avère être une brute, commence à fréquenter son ami Ryan (West Mulholland), un toxicomane douteux et que Chloé développe des sentiments pour lui. Les événements suivants, qui suivent les intentions douteuses de Ryan à l’égard de Chloé, suivent les mêmes rebondissements télégraphiés que l’on retrouve dans un certain nombre de films surnaturels grand public de ces dernières décennies. Le fantôme le sent également et tente d’avertir la famille en frappant et en déplaçant des objets comme d’habitude.

L’originalité de l’histoire de Présence révèle progressivement que le concept du point de vue n’est qu’un gadget sans intérêt, en particulier lorsque la seconde moitié du film augmente l’intensité. Lisa (Natalie Woolams-Torres), une spirite que la famille engage pour évaluer le problème, entame un monologue menaçant sur la présence simultanée et inquiétante de l’esprit dans le passé et le présent. Cependant, la caméra de Soderbergh opte principalement pour des positions voyeuristes frappantes plutôt que de nous immerger dans un état purgatorial et de nous faire ressentir ce malaise.

Lucy Liu, Callina Liang, Eddy Maday, Chris Sullivan dans le film Presence (2024)

Étant donné que I Am the Pretty Thing That Lives in the House d’Oz Perkins et I Am a Ghost de H.P. Mendoza ont tous deux creusé dans des puits émotionnels plus profonds et joué avec une idée similaire dans des directions plus nerveuses, Presence ne peut pas éviter de décevoir. De plus, Koepp a démontré sa capacité à explorer des thèmes similaires dans deux de ses propres films sur les maisons hantées en tant que réalisateur : You Should Have Left et le sinistre Hypnose qui présentent tous deux leurs événements surnaturels à travers une étrange distorsion du temps et de l’espace et auxquels Presence emprunte en grande partie sa révélation culminante. Contrairement à ces films, Présence ressemble à un gribouillage pro forma, une façon de tuer le temps jusqu’à ce qu’arrive un sujet qui donne vraiment envie à Soderbergh de se mettre en valeur , un bon meme un très bon somnifère si vous avez des insomnies .

Critique de film : Presence (2024)
CONCLUSION
Présence est un film qui rate complètement son objectif de thriller mystique. Si l’ambiance sonore et visuelle peut offrir quelques instants intéressants, le scénario, le manque de développement des personnages, et surtout le rythme désastreusement lent font de ce film une véritable déception. Au final, c’est un film qui ne laisse qu'une impression de platitude et d'inachevé et qui aura du mal à marquer les esprits.
Note des lecteurs1 Note
Positif
Ambiance sonore et visuelle : Le film réussit à établir une atmosphère mystérieuse, surtout dans les scènes d'introduction. La photographie, sobre et plutôt élégante, donne une certaine profondeur au décor, accentuant ce côté énigmatique. La bande sonore, discrète mais présente, contribue à maintenir un climat tendu.
Interprétation des acteurs : Les acteurs principaux offrent des performances assez convaincantes dans les limites du scénario. La prestation de l’actrice principale, malgré des dialogues peu inspirés, arrive à tirer son épingle du jeu dans des scènes d’introspection où elle communique plus par ses gestes et son regard que par des mots.
Négatif
Un scénario plat et prévisible : Le plus gros défaut du film est indéniablement son scénario. Le suspense, qui est censé être l'élément central de l'intrigue, se transforme rapidement en une suite de clichés et de scènes stéréotypées. La progression de l’histoire est lente, trop lente, et manque d'intensité. Les rebondissements sont non seulement prévisibles, mais aussi mal amenés, ce qui crée un désintérêt croissant au fur et à mesure que le film avance.
Personnages peu développés : Les personnages, loin d'être profonds ou attachants, sont quasiment des caricatures. Leurs motivations sont floues et leur évolution dans le film est quasi inexistante. On a du mal à se sentir investis dans leurs luttes internes ou leurs dilemmes, tant leurs arcs narratifs sont écrits de manière superficielle.
Rythme trop lent : L’un des grands reproches qu’on peut faire à Présence est son rythme. Lenteur excessive, scènes interminables sans réelle justification narrative, dialogues qui ne servent pas l’intrigue… tout cela contribue à une sensation de vide. Le film semble tirer en longueur pour combler un manque de substance.
Aucune réelle tension : Même les moments censés provoquer une montée d’adrénaline ou d'angoisse échouent à créer un véritable climat de tension. Les moments de peur sont soit trop artificiels, soit trop redondants pour susciter une réaction. Le film semble se reposer uniquement sur une ambiance qui, au bout d’un moment, devient répétitive et prévisible.
Thèmes mal exploités : Le film semble vouloir traiter de thèmes profonds, tels que l’isolement, la culpabilité ou la confrontation à l'invisible, mais ces idées sont trop effleurées. L’angle choisi pour les explorer reste superficiel et n’offre aucune réelle réflexion, ce qui réduit la portée de l’expérience cinématographique.
1.5