Synopsis : Ramona, une femme rongée par le chagrin qui a survécu à l’accident de voiture qui a été fatal à son mari, doit s’occuper de son fils et de sa fille, seule dans leur propriété rurale. Un jour, une femme prend forme dans leur jardin.
Ressenti : Les films d’horreur sont devenus un produit, et beaucoup s’attachent à choquer le public avec des sursauts et des couches de démons à tel point qu’il est rare de tomber sur un film d’horreur de la semaine qui soit un échec total. Cependant, « The Woman in the Yard » est assez similaire. On dirait un film de maison hantée sans surprise.
Le film commence avec le personnage principal, Ramona (Danielle Deadwyler), allongée dans son lit, regardant sur son téléphone une vidéo de son mari, David (Russell Hornsby), qui partage le rêve qu’il a fait, où la ferme qu’ils habitent et rénovent est entièrement détruite. La vérité est plus cruelle. David est absent, et tandis que Ramona peine à se lever l’air assez triste pour être parmi les damnés, on remarque qu’elle porte une attelle qui longe sa jambe fracturée. On a fait le lien : il y a eu un accident de voiture, et David a disparu. (Le véhicule accidenté se trouve dans le jardin, ce qui est… étrange.)
Ramona peine à trouver l’énergie nécessaire pour interagir avec ses enfants, l’adolescente fougueuse Tay (Peyton Jackson) et la joyeuse collégienne Annie (Estella Kahihi) alors qu’elle doit composer avec l’horrible petit-déjeuner composé d’œufs et de Doritos préparé par Tay. Mais c’est un échec ; elle est émotionnellement dévastée, n’ayant même pas la motivation d’appeler la compagnie d’électricité pour la panne de courant. La dépression pourrait servir de thème captivant pour un film d’horreur mais un film centré sur la dépression ne devrait pas être… sombre. Pourtant, le film présente des trente premières minutes figées et sinueuses où tout est clairement expliqué mais où il ne se passe pas grand-chose.
Finalement, le personnage principal du film fait son apparition. C’est une présence spectrale drapée d’un tissu noir fluide qui enveloppe même son visage (elle ressemble à une apicultrice accablée de chagrin), assise à environ 30 mètres de la maison sur une chaise en fonte ouvragée, seules ses mains exposées, soigneusement jointes comme celles de la Joconde. C’est une plaisanterie ridicule que les deux enfants, remarquant cette silhouette énigmatique, la traitent de « femme ». Car à cet instant, comment pouvaient-ils savoir ?
Ramona sort pour lui parler et, effectivement, la femme dans la cour, interprétée par l’artiste, danseur et acteur nigérian-américain Okwui Okpokwasili (qui imite le regard impérieux de Grace Jones), lui répond avec une politesse sinistre. Ce n’est pas une future slasheuse. Mais elle semble tout savoir de Ramona. C’est un fantôme du destin venu la délivrer. Pendant un long moment, pourtant, elle reste assise là, immobile, ce qui est d’ailleurs plutôt drôle, car elle semble n’être rien d’autre qu’une icône inquiétante de l’inertie du film.
Je ne suis pas contre un film d’horreur qui fonctionne par suggestion plutôt que par l’explicitation littérale et brutale qui régit trop souvent l’horreur grand public. Mais celui-ci est en réalité aussi mince et évident que tous ces films. Il est juste plus lent avec moins d’artifices. À un moment donné, après que la femme dans le jardin soit entrée dans la maison, une scène paranormale se produit : des objets s’entrechoquent dans une pièce pendant environ deux minutes. C’est tellement différent de tout ce qui se passe dans le film qu’on entend presque la voix du producteur dire : « Il faut qu’on fasse un poltergeist !»
Le réalisateur, Jaume Collet-Serra (à qui l’on doit « Esther », devenu un film culte), ne fait pas monter la peur de deux battements de cœur, et le scénario de Sam Stefanak n’est qu’une interprétation minimaliste de « Shining ». On est coincés dans cette maison avec rien d’autre qu’une famille de trois personnes qui se débattent avec leurs problèmes clichés. Danielle Deadwyler est, bien sûr, une actrice majeure, mais ici, jouant un personnage prisonnier de son misérabilisme, son interprétation est sans variation. The Woman in the Yard ne fait jamais appel à l’imagination pour horrifier ou même secouer. C’est une histoire de démons intérieurs monotones voire passez moi l’expression : Chiante ..

