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Critique de film : Le Mangeur d’âmes (2024)

Ca tire un peu en longueur mais au final un bon thriller a la sauce Française

Dernière mise à jour:

Synopsis du film : Le gendarme Franck de Rolan est à la recherche de 3 enfants kidnappés. Son enquête le conduit dans un chalet où a eu lieu un double meurtre. Il fait équipe avec Elisabeth Guardiano, policière diligentée pour mener l’enquête criminelle.

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Ressenti : Pour apprécier le niveau de peur que Le Mangeur d’âmes d’Alexandre Bustillo et Julien Maury extrait du village inventé de Roquenoix, il n’est pas nécessaire d’avoir grandi littéralement au milieu de nulle part. Ce village isolé du nord-est de la France, tel qu’il a été capturé par Simon Roca ressemble plus à un cimetière où les personnes et les structures sont laissées à l’abandon qu’à une ville fantôme. Autrefois, un imposant sanatorium se dressait sur les collines couvertes d’arbres, apportant suffisamment de revenus et de visiteurs pour remplir les caisses du village. Cependant, le sanatorium a été abandonné, les visiteurs ont disparu et les quelques personnes qui sont restées ont dû faire face à la légende d’un ancêtre et à une série de meurtres qui pourraient ou non y être liés lorsqu’une autoroute a été construite au-dessus de la vallée.

La ville fantomatique et morte où les victimes du Mangeur d’âmes sont laissées est l’élément le plus effrayant de toute l’histoire, et non le dévoreur lui-même. Il ne s’agit pas de critiquer un film qui ne parle pas vraiment d’un monstre, mais plutôt de rendre hommage à l’habileté des réalisateurs à manipuler les textures et les ambiances pour créer une véritable peur. Le film, qui est basé sur un roman du même nom publié en 2021 par Alexis Laipsker et adapté par Annelyse Batrel et Ludovic Lefebvre, mêle un conte folklorique avec un élément surnaturel à un problème contemporain. L’un des sujets les plus urgents abordés dans Le mangeur d’âmes est le dépeuplement des zones rurales, qui serait à l’origine de toutes les effusions de sang qui s’ensuivent. Parmi les autres sujets abordés, on trouve l’invraisemblable et l’horriblement plausible.

Oui, il n’y a peut-être pas beaucoup de créativité ici ; au lieu de subvertir ou de remettre en question les clichés du genre, le film les greffe allègrement sur un récit de créatures qui perd progressivement son vernis surnaturel pour devenir un thriller policier dans la veine de True Detective. Il a cependant l’avantage notable de ne jamais se départir de métaphores ou d’allégories tout en offrant quelques frissons classiques. À une époque où de plus en plus de films d’horreur semblent utiliser le genre comme un moyen de délivrer un grand message sur notre époque, les délices désuets du film sont un changement de rythme bienvenu.

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Virginie Ledoyen et Paul Hamy dans le film Le mangeur d’âmes (2024)

Bustillo et Maury ont l’habitude de pêcher dans la légende. Un groupe d’adolescents français a affronté le personnage principal de leur film d’horreur folklorique de 2020, Kandisha, une victime marocaine légendaire devenue démon qui se livre à une folie meurtrière limitée aux hommes. Cependant, les tentatives du film de relier les origines anticoloniales du croque-mitaine aux discussions sur les droits des femmes et l’islamophobie étaient, au mieux, maladroites. Avec tous ses meurtres graphiques, Kandisha ressemblait à un film d’horreur destiné à absorber une partie des discussions de la journée ; malgré cela, il était étonnamment léger. Tout cela n’a pas d’importance pour Le Mangeur d’âmes car le film est plus fort parce qu’il n’essaie pas de dire grand-chose sur les temps dangereux que nous vivons.

Quoi qu’il en soit, vous avez déjà entendu cette histoire à maintes reprises : un village isolé abrite une bête légendaire que tout le monde connaît dans la région, mais personne ne fait vraiment le lien jusqu’à ce qu’une série de morts brutales et de disparitions énigmatiques se produise. L’inspecteur de Rolan (Paul Hamy) est chargé des enfants disparus, tandis que le commissaire Guardiano (Virginie Ledoyen) est dépêché de Paris pour enquêter sur les crimes après que des couples mariés ont été retrouvés mutilés et que leurs enfants ont disparu.

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Francis Renaud et Malik Zidi dans le film Le mangeur d’âmes (2024)

Les deux protagonistes semblent même être de vieux amis. Dans l’écriture de Bustillo et Maury, Guardiano et de Rolan ressemblent plus à des archétypes qu’à des personnes concrètes, leurs histoires étant fournies par bribes cryptées. C’est une tactique destinée à vous faire douter de leurs intentions tout en satisfaisant à un jeu cliché de connexion des points : tous les secrets que les policiers peuvent se cacher l’un à l’autre ne sont que des indices qui aideront à résoudre l’affaire – et non à approfondir ou à compliquer leurs psychologies. C’est grâce aux acteurs qui les interprètent, en particulier Hamy, qui est surtout connu pour avoir été le spécialiste des oiseaux dans The Ornithologist de João Pedro Rodrigues, que les deux ne semblent pas être des silhouettes en carton. Même si Roca ne le présente pas comme un martyr parfait comme le faisait Rui Poças dans ce film, Le Mangeur d’âmes utilise beaucoup ses regards de plus en plus inquiétants. Même si Ledoyen et lui ont essentiellement des conversations banales, le scénario n’arrive pas à dépasser leur dynamique de pouvoir parce qu’elle est une vedette de la capitale et qu’elle n’a pas besoin d’un flic de petite ville pour l’aider. Jusqu’à ce qu’elle le fasse, Hamy a l’occasion de confronter Sandrine Bonnaire qui joue ici le rôle d’une psychologue pour enfants glaciale et les résultats sont bien plus frappants.

Dans le cadre de la Nouvelle Extrémité Française, une vague de films provocateurs et ouvertement violents d’auteurs aussi différents que Claire Denis (Trouble Every Day, 2001), Gaspar Noé (Irréversible, 2002) et Bruno Dumont (Twentynine Palms, 2003), Bustillo et Maury ont gagné en notoriété (ou en infamie ?) au milieu des années 2000. Tour à tour repoussant et sans concession, leur premier long métrage Inside (2007) racontait l’histoire heureuse d’une femme enceinte qui passe son réveillon de Noël à fuir quelqu’un qui veut l’éventrer et s’approprier le bébé. C’était un festin de viscères et de chair noueuse, rien de plus obscène que ce dont ils sont témoins dans leur dernier film. Bien que The Soul Eater soit rempli de morts, sa brutalité a un air de détachement froid. Les passages les plus effrayants de ce film d’horreur sont ceux qui impliquent le gore par son absence, comme lorsque, à un moment crucial, Guardiano et de Rolan visitent quelques salles de torture étrangement vides. Il s’agit d’un cauchemar qui repose davantage sur les sensations que sur le sang. La musique de synthé de Raphaël Gesqua et le son d’un moteur qui gronde quelque part sous les bois expriment une grande partie de l’horreur, même la créature étant souvent réduite à une hallucination brumeuse par la tendance de Roca à privilégier les plans en contre-plongée.

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Cependant, la terreur reste puissante malgré l’absence de chocs. The Soul Eater laisse entendre que, malgré tous ses atours ésotériques, la violence n’est jamais plus terrifiante ou déroutante que lorsqu’elle est commise par des gens ordinaires. Ce n’est pas vraiment une leçon originale, mais le film n’est pas vraiment original de toute façon. Même s’il peut sembler banal, il s’agit d’une expérience de genre élégante – un film d’horreur conçu pour terrifier et faire frissonner plutôt que pour transmettre un message profond.

 

Le Mangeur d'âmes
Conclusion
Un film sympa , une bonne ambiance et un film qui tient en haleine jusqu'à la fin : a voir pour les amateurs de bon thriller
Note des lecteurs3 Notes
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Positif
Scénario
Réalisation
Photographie
Acteurs
Négatif
Manque d'Action
tire un peu sur la longueur
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4