Synopsis : Winston travaille comme concierge dans l’entreprise Garb-X. On lui diagnostique alors une maladie incurable. En phase terminale, Winston ne peut être guéri que par un traitement coûteux, qu’il ne peut financer. Après avoir décidé de prendre les choses en main, il décide de voler son entreprise mais il tombe dans une fosse de déchets toxiques. Il se transforme alors en un monstre déformé. Il va cependant entreprendre de faire le bien tout en se vengeant de tous ceux qui lui ont fait du tort
Ressenti : « Écoutez juste les classiques », tel est le conseil de Fritz Garbinger (Elijah Wood), affublé d’un costard miteux et d’une chevelure grotesque, adressé aux membres du groupe local The Killer Nutz déjà impliqués dans The Toxic Avenger. Il fait référence à un concert en plein air qu’ils doivent assurer, au milieu d’un chaos d’enlèvements et de meurtres orchestrés pour le compte de Robert (Kevin Bacon), le frère de Fritz, patron d’une usine délabrée et hautement polluante fabriquant de prétendus remèdes en réalité cancérigènes.
La remarque de Fritz peut aussi bien s’appliquer au remake signé Macon Blair, à la fois scénariste et réalisateur qui emprunte de nombreux motifs à l’original tourné en 1984 par Michael Herz et Lloyd Kaufman. Le film situe son action à « St Roma Village », déformation à peine voilée de Tromaville. Ce nouvel opus recycle des éléments familiers, mais transpose la critique sociale : fini l’Amérique orwellienne de l’ère Reagan, place à une corporatocratie post-millénaire encore plus corrompue où l’accès aux soins est une illusion et où les classes populaires sont constamment humiliées et écrasées.


Le héros n’est plus le maladroit adolescent Melvin, mais Winston Gooze (Peter Dinklage), veuf et père célibataire, soudain confronté à un diagnostic de cancer en phase terminale sans protection sociale. Winston reste agent d’entretien, cette fois au sein de l’usine de Robert et revêt encore l’iconique tutu rose une fois métamorphosé en Toxie, créature verdâtre à la force colossale qui utilise toujours une serpillière comme arme pour purifier sa communauté. Mais Blair ajoute une nouvelle dimension : la relation de Winston avec son beau-fils adolescent Wade (Jacob Tremblay), à qui il cherche à prouver qu’il peut être un véritable héros. Ce fil narratif inédit prend une telle place qu’il se prolonge jusque dans la scène post-générique, reflet d’un enjeu plus profond : la difficulté, pour Blair, de tisser son propre lien symbolique avec l’œuvre originelle. Lloyd Kaufman, créateur du culte fait d’ailleurs une courte apparition finale, comme pour reconnaître avec amertume ce rejeton bâtard et immonde du film original.

Le premier Toxic Avenger était à sa manière, une aberration culte. Derrière son vernis potache entre comédie adolescente, sexe, sadisme et violence outrancière et son récit d’origine de super-héros portait une satire politique voilée. Rarement qualifié de grand film, il a néanmoins ouvert un terrain favorable aux réinterprétations. Et pourtant, ce nouveau Toxic Avenger choisit un ton bien plus sage, étrangement peu drôle mais en contrepartie profondément pertinent, au-delà de l’odeur de décrépitude et de corruption urbaine qui imprègne l’écran. Parfois, il serait peut-être plus sage de laisser reposer les vieilles réussites.

The Toxic Avenger reste un film important dans la culture bis et underground mais ses nombreuses faiblesses (jeu, technique, humour inégal) rendent l’expérience parfois fastidieuse. Il plaira surtout aux amateurs de curiosités trash et aux inconditionnels du cinéma Troma.