Synopsis : La veille du Combine, le repêchage annuel du football professionnel, Cameron Cade, un quart-arrière en pleine ascension, est violemment attaqué par un admirateur déséquilibré et subit un traumatisme crânien qui pourrait mettre fin à sa carrière. Alors que tout semble perdu, Cam reçoit une aide inattendue de la part de son idole: Isaiah White, un légendaire quart-arrière, lui propose de l’entraîner dans son complexe isolé qu’il partage avec sa femme, la célèbre influenceuse Elsie White.
Ressenti : je n’arrive pas à croire que j’aie supporté ce long-métrage vide de sens et que je l’aie laissé hanter mes pensées après coup et qu’à présent je sois encore sur mon fauteuil de bureau à y repenser. Fade et creux, le film d’horreur sportif et sans âme de Justin Tipping inexplicablement soutenu par Jordan Peele relève de la pure confusion mentale.
Je ne m’attarderai pas sur mon dégoût pour « Him», car il n’en vaut pas la peine. En résumé, Cameron « Cam » Cade rêve depuis l’enfance de devenir une légende du football américain, inspiré par le quaterback vedette des Saviours, Isaiah White (Marlon Wayans) et par les ambitions démesurées de son père. Ce dernier lui répète que les vrais hommes se sacrifient et persévèrent. Quatorze ans plus tard, Cam (incarné sans conviction par Tyriq Withers) est considéré comme un talent générationnel sur le point d’être repêché. Mais un esprit malfaisant le frappe à la tête, causant une sévère lésion cérébrale. C’est alors qu’Isaiah, huit fois champion et proche de la retraite, lui propose une semaine d’entraînement intensif pour évaluer son potentiel.

Pourquoi Cam croit-il que s’entraîner avec Isaiah est son seul espoir ? Comment une équipe championne pourrait-elle obtenir un choix de draft favorable ? Le film ne donne aucune réponse. Il préfère se perdre dans des détours bâclés et une horreur inaboutie. Lorsque Cam rejoint le camp reculé d’Isaiah, isolé dans le désert et entouré d’adeptes vêtus de blanc évoquant « Mad Max : Fury Road », il doit abandonner son téléphone. Encore une fois, la technologie est opportunément effacée du scénario.

Ces maladresses s’accumulent dans un récit qui ne semble jamais savoir ce qu’il veut dire ni comment le dire. Cette pseudo-suite à « Kicks » s’écroule sous le poids d’une écriture hésitante signée Tipping, Skip Bronkie et Zack Akers. Découpé en six chapitres : un par jour de la semaine , le film tente d’égrener des réflexions pompeuses sur le football américain. Cam est désarçonné par les méthodes d’entraînement étranges et violentes d’Isaiah mais leur origine demeure obscure. Sont-elles motivées par la passion, la gloire ou un désir de domination ? Le scénario évoque vaguement la critique du pouvoir blanc exploitant les corps noirs, sans jamais approfondir ni donner de cohérence à son propos.

HIM voudrait déranger, mais il s’égare sans cesse. Les visions de Cam dont une mascotte luisante agitant un marteau surgissent sans logique et les injections administrées par l’entraîneur d’Isaiah perdent tout impact faute d’explication. Le tout se termine par un symbolisme religieux maladroit et creux. Là où Oliver Stone dans L’Enfer du dimanche conjuguait critique et fascination du sport, Tipping sombre dans la confusion totale. Les dialogues sonnent faux, le jeu d’acteurs est figé Julia Fox et Marlon Wayans en tête et la mise en scène du final sanglant paraît fauchée et sans conviction.

Seule la photographie de Kira Kelly parvient à se distinguer avec ses compositions marquantes dans les structures serpentines d’Isaiah et ses images infrarouges stylisées. Mais de belles images ne suffisent pas à sauver un film vide de sens.