Synopsis : Lorsque les enquêteurs paranormaux Ed et Lorraine Warren se retrouvent pris dans une nouvelle affaire terrifiante impliquant des créatures mystérieuses, ils se retrouvent à devoir tout résoudre une dernière fois.
Ressenti : Conjuring : L’heure du jugement confirme que la saga Conjuring est devenue le Fast & Furious du cinéma d’horreur : une série d’aventures conservatrices, chrétiennes et familiales, multipliant les suites et les dérivés tout en s’éloignant de son intrigue d’origine, misant surtout sur la nostalgie du public pour ses personnages caricaturaux et ses formules éprouvées. Le film va jusqu’à consacrer une scène entière à un barbecue, frôlant la parodie d’un moment où Ed et Lorraine Warren béniraient des bières. Michael Chaves conclut les enquêtes du célèbre couple en reprenant les thèmes du volet précédent, Sous l’emprise du Diable entre reprises attendues et émotion forcée. Cette ultime aventure se présente comme un long adieu, laborieux et quasi religieux. Après douze ans d’exorcismes, Ed et Lorraine mériteraient une retraite, mais L’heure du jugement ses 135 minutes en préparatifs narratifs, reliant la maison hantée des Smurl à la vie troublée de leur fille Judy, désormais adulte.
Les deux intrigues se croisent sans véritable cohérence. La demeure des Smurl déborde de personnages et de clichés, tandis que Judy, de l’enfant miraculeuse à la femme hantée, reste prisonnière d’un scénario convenu. Sa trajectoire, dominée par la foi et par une symbolique religieuse confuse n’apporte que des redites, culminant avec une comptine utilisée comme prière contre les esprits.

Le film recycle à outrance les éléments familiers de la série : jouets lugubres, miroirs, panoramiques prévisibles et retours de figures emblématiques comme Annabelle. L’horreur y devient citation plutôt que tension et les nouveaux démons d’Ed et Lorraine ne sont autres que ceux du vieillissement : fatigue, deuils et fragilité physique. Wilson et Farmiga conservent une belle complicité, mais le matériau trop dispersé entre romance secondaire, rivalités adolescentes et intrigues accessoires : les empêche d’approfondir leurs personnages. L’histoire s’achève sur un final nostalgique, célébrant presque les Warren comme des héros.

Le premier Conjuring de James Wan brillait par son efficacité classique et son atmosphère maîtrisée. Mais à force de diluer cette formule pour renforcer la mythologie des Warren, la franchise a perdu son âme critique au profit d’un spectacle pieux et standardisé. Dans L’heure du jugement même le scepticisme des années 1980 sert de simple gag et l’éternelle mention « inspiré de faits réels » n’ajoute plus que la promesse d’un dénouement artificiellement lumineux.

Ce dernier film est perçu comme un film mitigé, en deçà des deux premiers volets de la saga réalisés par James Wan. Il souffre d’un manque d’originalité, d’un scénario prévisible et d’une narration déséquilibrée entre la vie familiale des Warren et leur ultime enquête paranormale, ce qui entraîne une sensation d’ennui et de rythme inégal. La tension monte sporadiquement sans offrir un crescendo efficace et certains moments horrifiques sont éclipsés par des passages dramatiques trop longs et peu captivants. Parmi les points positifs, on relève quelques scènes de jump scares réussies, une certaine émotion apportée par les liens familiaux et des acteurs convaincants. Le film peine toutefois à renouveler l’intérêt de la franchise, se focalisant trop sur une dynamique familiale au détriment de l’horreur pure et de la chasse au démon avec une conclusion expédiée qui laisse plusieurs questions sans réponse.

Malgré une volonté de conclure proprement la saga Conjuring, “L’heure du jugement” reste un film moyen manquant de la puissance et de l’originalité qui caractérisaient les premiers épisodes. Il est souvent qualifié de long, manquant de frissons véritables et souffrant d’une écriture faible et d’un rythme inégal. En conséquence, une note sévère de ma part de 2 sur 5 est justifiée, reflétant un dernier opus décevant qui ne parvient pas à tenir la promesse d’une fin mémorable pour la saga emblématique des Warren.