Troma Entertainment : L’histoire sanglante, délirante et culte d’un studio indépendant hors normes

Fondée en 1974, Troma Entertainment est l’une des maisons de production indépendantes les plus emblématiques du cinéma américain, connue pour son style outrancier, ses effets spéciaux artisanaux, son humour noir et sa fidélité indéfectible à l’esprit “Do It Yourself”. Derrière ce nom culte, on retrouve deux figures centrales : Lloyd Kaufman et Michael Herz. Ensemble, ils ont façonné un véritable univers cinématographique marginal et volontairement de mauvais goût, souvent qualifié de “trash”, “gore” ou encore “Z”, mais devenu culte auprès de millions de fans dans le monde.

Les débuts de Troma : naissance d’un outsider

Troma a été fondée à New York par Kaufman, diplômé de Yale, et Herz, diplômé de la NYU School of Law. Les deux hommes s’étaient rencontrés en travaillant sur des films de série B, et ont très vite décidé de créer leur propre société de production/distribution. Dès les débuts, Troma s’est positionnée à contre-courant d’Hollywood, en produisant des films à très petits budgets, avec un ton satirique, provocateur et résolument indépendant.

Parmi les premières productions de Troma, on trouve des comédies érotiques comme “Squeeze Play!” (1979) ou “Waitress!” (1981), mais c’est véritablement dans l’horreur parodique que le studio va se faire un nom.

L’explosion avec The Toxic Avenger (1984)

Le film qui a marqué un tournant dans l’histoire de Troma est sans conteste “The Toxic Avenger” (1984). Ce long-métrage raconte l’histoire de Melvin, un adolescent maladroit qui, après être tombé dans une cuve de déchets toxiques, se transforme en un monstre difforme mais justicier : le “Toxie”, comme l’appellent les fans.

Pourquoi ce film est culte ?

• Mélange de violence excessive, humour débile, critique sociale et effets spéciaux en latex.
• Satire du capitalisme, de la pollution, des abus de pouvoir.
• Esthétique volontairement kitsch et exagérée.
• Devenu le symbole de la “contre-culture” cinématographique.

The Toxic Avenger a connu un succès inattendu, engendrant trois suites, une série animée pour enfants (!) intitulée Toxic Crusaders, des comics, et une large gamme de produits dérivés.

Autres succès emblématiques de Troma

Atomic College (1986)

Dans une école voisine d’une centrale nucléaire, les étudiants sont contaminés par des déchets radioactifs et deviennent fous. Ce film mélange horreur, punk attitude, et satire de la société américaine. Il est devenu une autre franchise phare avec plusieurs suites.

Troma’s War (1988)

Parodie des films d’action des années 80 façon Rambo, mais avec des handicapés, des vieillards, des féministes armées et une armée fasciste. Le film pousse l’absurde au maximum, tout en traitant de sujets politiques.

 Sgt. Kabukiman N.Y.P.D. (1990)

Un policier new-yorkais se transforme en super-héros doté de pouvoirs de kabuki japonais. Ce film illustre l’attrait de Troma pour les chocs culturels, les stéréotypes retournés, et l’absurde absolu.

 Terror Firmer (1999)

Métaréflexion sur le cinéma Troma lui-même, où un tournage est perturbé par un tueur fou. Très apprécié pour son humour noir et ses clins d’œil à l’univers Troma.

 Poultrygeist: Night of the Chicken Dead (2006)

Comédie musicale gore dans un fast-food construit sur un ancien cimetière indien. Le film attaque frontalement la malbouffe, le capitalisme et les tabous sexuels, dans un déluge de sang et de vomi.

Le style Troma : anarchie visuelle et satire sociale

Troma est immédiatement reconnaissable :

• Effets spéciaux artisanaux : latex, explosions de sang, maquillages exagérés.
• Acteurs amateurs, souvent engagés pour leur excentricité.
• Satire sociale : critiques de la politique, des inégalités, de la consommation, de la religion, etc.
• Liberté totale : nudité, vulgarité, absurdité ou rien n’est censuré.
• Autodérision constante : Troma se moque d’elle-même autant qu’elle critique le monde.

L’héritage et l’influence

Troma a formé ou inspiré de nombreux cinéastes, comme :

James Gunn (Guardians of the Galaxy, The Suicide Squad), qui a débuté chez Troma avec Tromeo and Juliet (1996).

Eli Roth, fan déclaré de Troma.

De nombreux réalisateurs de films de genre qui perpétuent l’esprit indépendant et irrévérencieux.

Lloyd Kaufman, toujours à la tête du studio à plus de 70 ans est devenu une figure mythique de l’indépendance cinématographique. Il a aussi écrit plusieurs livres sur la production low-cost, dont Make Your Own Damn Movie!.

Un remake hollywoodien : The Toxic Avenger (2025)

Preuve de l’impact durable de Troma, The Toxic Avenger a eu droit à un remake avec Peter Dinklage, Elijah Wood et Kevin Bacon, réalisé par Macon Blair. Bien que plus grand public, ce remake témoigne de l’influence persistante du héros toxique de Troma.

Conclusion

Troma, c’est plus qu’un studio : c’est une philosophie du cinéma libre, provocateur et déjanté. En 50 ans d’existence, il a défié les normes, survécu aux modes, et inspiré une communauté fidèle et passionnée. Si vous aimez les films qui transgressent les règles, qui osent choquer pour mieux faire réfléchir (ou juste faire rire jaune), alors Troma est votre temple.

Liste des films sorti par Troma Entertainment

Films anciennement distribués