Synopsis : Des événements étranges se déroulent dans la ville de Derry dans les années 1960 liés à Pennywise le clown, un personnage mystérieux qui hante Derry.

Ressenti : La première saison de Ça : Bienvenue à Derry marque le début d’une trilogie préquelle signée par Andy Muschietti, Barbara Muschietti et Jason Fuchs. Elle suit Will Hanlon (Blake Cameron James), Lilly Bainbridge (Clara Stack), Ronnie Grogan (Amanda Christine), Richie Santos (Arian S. Cartaya) et Marge Truman (Matilda Lawler) à travers une période charnière de leurs vies.
Quand un groupe d’enfants disparaît ou plutôt est assassiné dans un théâtre, une série d’événements s’enclenche. Les adultes autour d’eux étant motivés par leurs propres intérêts, les adolescents doivent affronter seuls le clown tueur.
Ambiante en 1961, la saison explore trois axes narratifs distincts, réunis dans les deux derniers épisodes. D’abord, l’histoire des enfants, qui tentent de sauver leurs amis puis simplement de survivre. Ensuite, le destin de Hank Grogan, le père de Ronnie, accusé à tort des meurtres. Enfin, le plus surprenant : General Shaw (James Remar), Major Leroy Hanlon et Dick Hallorann (Chris Chalk) traquent Pennywise afin de l’exploiter pour le gouvernement américain.

Avec quatre réalisateurs sur huit épisodes, le ton de la série évolue constamment. Ce n’est pas seulement l’esthétique qui change de la Derry colorée à la ville plongée dans la violence mais aussi la façon dont les émotions sont traitées d’un épisode à l’autre.
L’aura de Hallorann sert de deus ex machina, créant une faille exploitable par les enfants, même si ce pouvoir semble déplacé. L’intégration des adultes apporte une perspective différente mais les liens entre les intrigues restent parfois bancales.

La série souffre d’un manque de cohérence tonale et d’un montage parfois abrupt qui nuit à l’immersion. Avec un casting nombreux et une mythologie de Pennywise en construction, l’intrigue devient parfois confuse.
La saison développe surtout la légende amérindienne de Pennywise, à travers Rose (1961) et son neveu Taniel. Leur tribu aurait emprisonné la créature dans la terre de Derry, et Rose partage ses connaissances avec Francis Shaw. Pourtant, ces personnages restent des pions narratifs, sans réel développement.

La série aborde le racisme, notamment à travers Charlotte Hanlon (Taylour Paige), la mère de Will. Elle dénonce la violence raciale latente de Derry, refusant l’idée que la ville soit moins toxique que le Sud. Son mari, le Major Leroy Hanlon (Jovan Adepo), incarne une figure plus conciliante, marquée par son passé militaire. Leur fils Will incarne un mélange des deux.
Les jeunes personnages ont chacun leurs faiblesses : Lilly est consumée par son deuil, Ronnie craint pour son père, Richie fait preuve de courage malgré les insultes racistes, et Marge cherche à être acceptée avant de devenir le ciment du groupe.

Les choix narratifs parfois alambiqués freinent la progression des personnages, mais leurs amitiés restent le point fort de la série. Les effets spéciaux, d’abord décevants, s’améliorent nettement dans la deuxième moitié, surtout lors du final « Winter Fire ». La prestation de Bill Skarsgård en Pennywise devient alors terrifiante, incarnant une menace réelle.
Malgré des références répétées à l’univers de Stephen King, la série peine parfois à équilibrer spectacle et profondeur. Toutefois, les derniers épisodes parviennent à tisser des liens solides avec les films et la série, offrant une conclusion satisfaisante.

Si la première saison débute de façon chaotique, elle se rattrape progressivement. La suite promet d’explorer d’autres époques, mais la réussite dépendra de la capacité des showrunners à privilégier l’émotion plutôt que le spectaculaire.









