Synopsis : En 2054, afin de fuir son cruel créancier, le naïf Mickey se porte volontaire pour une mission de colonisation sur Niflheim, une planète de glace. Devenu sans trop le savoir un ouvrier “consommable”, il est régénéré chaque fois qu’il meurt lors des missions les plus dangereuses imposées par l’ex-sénateur Kenneth Marshall, dirigeant mégalomane de la colonie. Après quatre ans, Mickey en est à sa 17e incarnation. Grièvement blessé, il est laissé pour mort par son coéquipier au fond d’une crevasse. Mais contre toute attente, il est sauvé par la mère des créatures qui habitent Niflheim. Pendant son absence, un Mickey 18 est créé.
Ressenti : Robert Pattinson meurt à plusieurs reprises dans « Mickey 17 », donnant l’impression d’un rassemblement de critiques pour « Twilight ». Le réalisateur Bong Joon Ho (« Parasite ») explore l’interprétation la plus sombre de l’immortalité ainsi que diverses idées profondes dans sa comédie de science-fiction sombre se déroulant dans le futur. Sa version du livre d’Edward Ashton sorti en 2020 mêle satire politique et absurdité à la « Monty Python » dans l’histoire d’un malheureux employé de l’espace tué à plusieurs reprises et réimprimé comme une page de papier. C’est aussi ce personnage maladroit qui doit sauver la situation et lui-même.
Mickey Barnes (Pattinson) est un macaronnier lourdement endetté auprès d’un usurier vicieux. Lui et son rusé associé Timo (Steven Yeun) doivent quitter la Terre immédiatement et s’engager dans une mission de colonisation vers une planète glacée reculée. Mickey, un charmant sous-performant et pas très futé accepte d’être un « remplaçable » sans se rendre compte de ce que cela implique.
Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation pénible à laquelle vous ne pouviez échapper ? C’est le rôle de Mickey poussé à l’extrême. À bord d’un vaisseau spatial en route vers son but céleste, il est confronté à diverses situations dangereuses et à chaque fois qu’il périt, un nouveau Mickey est créé par une imprimante humaine utilisant des déchets organiques, alors bravo pour le recyclage et tous ses souvenirs sont préservés (ils sont conservés dans une brique qui est une espece de disque dur avancé).

Le 17e Mickey se retrouve piégé dans une grotte gelée et abandonné par Timo ce qui fait qu’il ne sera bientôt plus reproduit. Cependant, une bande de Rampant, l’espèce hybride mille-pattes/mammouth indigène de la planète, sauve Mickey 17. Il rentre chez lui, s’endort et découvre Mickey 18. Avoir plusieurs versions du même individu est un non catégorique, donc 18 tente d’abord d’éliminer 17. Cependant, les Mickey doivent s’unir lorsque le chef agaçant et méchant de l’expédition, l’animateur de talk-show/aspirant dictateur Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), cherche à anéantir les sympathique rampants.
« Mickey 17 » n’est peut-être pas aussi inoubliable que « Parasite » (2019), le film oscarisé qui a fait connaître Bong aux Américains mais le talent du réalisateur pour créer des intrigues percutantes et des thèmes captivants reste remarquable.

Similaire au film dystopique « Snowpiercer » de Bong (2013), « Mickey 17 » aborde les disparités sociales au sein du vaisseau spatial, entre riches et pauvres. La région sombre et morne où résident Mickey et ses contemporains ressemble à un mélange de bureau, de prison et de caserne militaire tandis que Marshall et sa femme narcissique Ylfa (Toni Collette), obsédée par la sauce, occupent principalement un quartier luxueux et huppé.

Cependant, Bong aborde avec brio les aspects du colonialisme et de l’identité, la frontière floue entre l’Église et l’État et la déshumanisation des individus ce qui explique l’importance des Mickey. Qu’il soit confronté à une issue désastreuse en tentant de réparer le navire ou qu’il périsse à plusieurs reprises lors d’expériences vaccinales (RIP Mickey 12 à 16), notre malheureux héros endure tout cela tout en étant méprisé par son entourage à l’exception de sa petite amie résiliente, Nasha (Naomi Ackie). Mickey 17 se croit même insignifiant, jusqu’à ce que le 18, plus affirmé, le rattrape donnant une illustration directe de la confrontation avec soi-même pour prendre conscience de sa propre force et de son autonomie.
Pattinson donne une voix grinçante et triste à Mickey 17, ce qui en fait un personnage attachant mais contraste avec la nature chaotique de 18, car tous deux connaissent une évolution significative. L’humour physique de Pattinson est exquis dans cette scène : sa sortie de l’imprimante humaine reste intemporelle et on y trouve un moment burlesque exceptionnel où 17 est délibérément empoisonné lors d’un dîner élégant.


Bong tente de faire tenir beaucoup de choses en 2 heures et 17 minutes mais certains éléments intéressants restent inexploités. Les collègues de Mickey manquent de développement personnel essentiel, bien qu’Ackie livre ce qui peut être considéré comme la scène la plus marquante du film, et les Mickey sont loin d’être assez présents. Pattinson est si talentueux que le film nécessite 18 interprétations complètes d’un concept.
Si c’est l’interprétation que Bong fait d’un blockbuster spatial hollywoodien, elle surpasse bien d’autres. « Mickey 17 », mettant en scène un héros atypique, offre une escapade opportune où la compassion peut triompher de la dureté dans une partie lointaine de la galaxie.

