Synopsis : Malcolm passe quelques jours au chalet avec sa nouvelle flamme Liz pour souligner l’anniversaire de leur relation. Médecin pratiquant, Malcolm est appelé à retourner en ville pour voir un patient à l’hôpital. Liz reste seule dans la grande maison isolée où elle se met à souffrir de visions angoissantes.

Ressenti : Les films récents d’Osgood Perkins sont désormais indissociables de leur marketing et Keeper ( L’Élue ) ne fait pas exception. La campagne virale de Longlegs l’an dernier, rappelant celles de The Blair Witch Project ou de Paranormal Activity semait des indices intrigants qui laissaient croire à un mystère plus profond. Mais ce thriller morne et prévisible trahissait vite cette promesse, enchaînant les meurtres sans vraie révélation ni tension.
De même, les bandes-annonces de The Monkey (Le Singe) jouaient sur la vulgarité et l’humour noir, exposant d’emblée les moments les plus marquants et gâchant tout suspense. Le film lui-même adoptait la même approche tapageuse, mélangeant violence et grotesque sans finesse. Quelques mois plus tard, L’Élue reprend ce schéma : une campagne bruyante, un fond bien creux.
Les premiers teasers de L’Élue montraient des images étranges et cycliques, suggérant un changement de perspective entre Liz (Tatiana Maslany), jeune artiste, et Malcolm (Rossif Sutherland), son petit ami médecin en promettant une étude psychologique que le film n’aborde jamais. Les bandes-annonces suivantes montraient presque toutes les créatures du film, entrecoupées de citations élogieuses de cinéastes célèbres, dont un Eli Roth affirmant sans rire que Keeper était “un Lynch surréaliste”. Ce que le film confirme, finalement, c’est son vide : aucune intrigue réelle, des symboles fumeux et un vernis de mystère pour masquer le néant.

Après un montage quasi fétichiste de visages féminins se transformant en cris ensanglantés, Liz et Malcolm partent fêter leur premier anniversaire dans la maison de campagne de ce dernier. Là, d’étranges évènements poussent Liz à douter de l’homme qu’elle croit connaître. L’intrigue révèle très vite ses cartes et s’épuise à rallonger les scènes pour masquer son vide.

Au fil de ses visions spectrales, le film montre surtout que Perkins confond opacité et surréalisme, lourdeur et tension. Il cache sans raison la moitié de l’écran, multiplie les plans contemplatifs et pousse ses effets visuels jusqu’à la caricature. Une simple scène de bain devient interminable, comme si le réalisateur ne savait pas quoi choisir pour faire peur. Quant à Tatiana Maslany, elle est laissée sans matière, réduite à une succession de réactions. Liz n’existe qu’en victime passive sans etre “différente des autres filles”, lui dit-on mais la conclusion du film prouve tout le contraire. Perkins semble fasciné par sa détresse, mais oublie de transmettre la moindre émotion.

En fin de compte, Keeper illustre parfaitement le style Perkins d’aujourd’hui : un marketing soigné, un scénario bâclé, une mise en scène prétentieuse, teintée d’ironie, et totalement dépourvue de peur. Le pire, c’est que le réalisateur a déjà gagné : il a attiré notre regard avant même la projection de ce “navet”

Ce film d’horreur déçoit par son rythme lent et son manque d’originalité malgré une ambiance soignée.



