Synopsis du film : Belinda, nouvellement enceinte, voit sa vie basculer lorsque sa belle-mère emménage chez elle. Alors que l’invitée diabolique tente de mettre la main sur l’enfant, Belinda doit protéger ses arrières…
Ressenti : Même si The Front Room est présenté comme une comédie d’horreur, le principal sentiment qu’il suscite est l’incrédulité. Il est vrai que The Front Room est un spectacle terrible. Le fait que la majeure partie de la vidéo montre une femme âgée bizarre qui se souille afin de pourrir la vie de la femme de son beau-fils n’est pas tant une insulte qu’une vérité narrative. (Cela dit, elle répond également à la définition au sens figuré).
Imaginez la manière dont un caricaturiste de bord de mer aborde les thèmes fondamentaux du film d’Amour de Michael Haneke : la douleur insondable d’assister à la décomposition en temps réel d’un être cher vieillissant dont le corps et l’esprit s’effondrent sous le poids du temps lui-même. The Front Room ne s’intéresse pas du tout à cette source de tragédie à l’exception peut-être de l’incontinence qui est une chose (peut-être la seule) à laquelle il s’intéresse beaucoup, beaucoup. Il y a tant à tirer de la terrible expérience du vieillissement.
L’intrigue est simple et bien connue de tous : Belinda, professeur d’anthropologie et future mère (interprétée par une Brandy Norwood qui tire le meilleur parti d’une écriture terne) est naturellement frustrée par l’indifférence de son département. Moins surprenant (étant donné l’enfer qu’est le marché de l’emploi universitaire de nos jours), elle part tout de suite meme pas cinq minutes après le début du film, lorsque le président du département la rejette lors d’une seule réunion. En conséquence, elle s’efforce de joindre les deux bouts avec son mari Norman (un Andrew Burnap ), malgré le fait que (pour paraphraser environ 75 % du discours de Burnap) Norman devrait obtenir une promotion, si il y mets plus d’ardeur dans son boulot .
La belle-mère de Norman, extrêmement pieuse et violente apparaît bientôt pour soulager les difficultés financières du couple malheureux. Solange, interprétée par Kathryn Hunter a été maudite par une sorcière pour ne parler que comme le sénateur Claghorn. Elle conclut un marché avec eux deux, leur disant qu’elle leur donnera son important héritage s’ils la laissent rester dans leur maison pour ses derniers mois ou ses dernières années. Bedelia accepte l’offre apparemment gentille malgré les réticences de Norman et à la demande de Solange, elle transforme la chambre d’enfant qu’ils avaient construite pour leur futur enfant en la nouvelle maison de Solange. Après tout, à quel point cette belle-mère pourrait-elle être horrible ?
Les frères Eggers tentent à travers Solange d’évoquer quatre verticales distinctes tout au long du film : nos peurs inhérentes 1) du racisme, 2) du catholicisme qui n’est pas tout à fait surnaturel, 3) des figures invasives qui retournent vos proches contre vous et tentent de vous remplacer dans votre propre vie, et 4) de l’incontinence armée mais ils ne réussissent vraiment à aucune d’entre elles. Les trois précédents ont déjà été réalisés et bien mieux. En ce qui concerne la quatrième, The Front Room explique clairement pourquoi elle n’a pas été réalisée. (Il semble que ce soit la nourriture partiellement digérée et non les excréments qui augmente le rythme cardiaque d’un individu). Bien sûr, c’est hilarant mais on ne peut pas rire aussi fort d’une vieille dame qui hurle avant de commencer à se demander pourquoi on regarde ce film.
De plus, les frères Eggers ne prennent rien de tout cela à la légère. Les concepts susmentionnés sont traités de manière vague et utilisent fréquemment des images criardes. La photo de Solange dans un salon en est un exemple. Un groupe de disciples âgés vêtus entoure Sainte Marie. On la voit dans une séquence de rêve où elle nourrit son fils adulte avec du lait provenant directement de sa poitrine. Elle couvre également sa tête percée d’une serviette blanche et crie : « Je suis un bébé raciste, goo-goo gah-gah » (j’aimerais que cela soit inventé mais c’est dans le film). Malgré l’absence exceptionnelle de sang et/ou de violence, The Front Room succombe à l’une des erreurs les plus courantes du genre : il privilégie constamment le choc à la valeur.
La tentative de The Front Room de capturer de manière réaliste l’expérience bizarre de vieillir dans toute son horreur, son angoisse et même son rire est évidente, mais les moments qui en résultent sont essentiellement des palimpsestes d’un film qui n’a jamais vraiment vu le jour. Toute signification plus profonde au-delà des blagues (à la fois humoristiques et du genre « oh mon dieu, je vais vomir ») est difficilement discernable et ne devient apparente qu’en plissant les yeux. Les tentatives d’horreur de The Front Room sont frustrées par ses tentatives d’humour qui sont frustrées par ses tentatives de résonance thématique et ses tentatives d’horreur à valeur de choc frustrent ses tentatives de résonance thématique, créant ce qui ressemble à un cycle sans fin de pierre, papier, ciseaux. Tout le film est un échec.
Bien que la plupart des autres plaintes courantes s’appliquent dans leur intégralité, cet ajout au canon de la hagsploitation n’est pas une insulte à l’actrice qui interprète la « sorcière » principale en fait, il s’agit d’un tour de force pour Hunter. The Front Room est davantage un film terrifié par le corps féminin vieillissant qui est vilipendé et moqué qu’une représentation cathartique de la façon dont le temps dégrade le corps et l’esprit. Il est assez difficile d’envisager que Solange soit remplacée par le beau-père de Norman dans ce film.
The Front Room fonctionne sur une interprétation naïve du rire et de l’horreur, caractérisant la manifestation ultime de chacun comme une vieille femme blanche se pissant et se chiant dessus et forçant ensuite une femme noire à nettoyer derrière elle. La principale raison de l’échec du film est cette vision du monde et non les sous-entendus politiques aigres qu’il ne parvient jamais à analyser réellement. La vision essentiellement naïve du monde de The Front Room le rend plus effrayé par les individus qui ont déjà vieilli qu’il ne l’est par le vieillissement lui-même.