Critique de film : ICK (2025)

Synopsis : La vie de Hank, un prof de sciences, prend une tournure inattendue lorsqu’il retrouve son premier amour et suspecte qu’une nouvelle élève pourrait être sa fille, le tout alors qu’une menace extraterrestre plane sur leur ville.

Ressenti : Ick, de Joseph Kahn, s’ouvre sur un monde en pleine déroute et personne ne semble s’en apercevoir. Ce film marque le retour du réalisateur au cinéma de genre après Bodied (2017) et Detention (2011). Bien qu’il n’ait réalisé que quatre longs métrages en vingt ans, l’empreinte de Kahn est omniprésente dans la culture populaire grâce à ses nombreux clips pour des artistes comme Britney Spears et Taylor Swift. Après l’échec retentissant de Torque (2004), un film produit par un studio dont il se moque aujourd’hui avec humour, Kahn a juré de ne plus jamais se laisser instrumentaliser par les studios. Depuis, chacun de ses projets, y compris Ick est autofinancé ce qui lui permet de donner libre cours à son style anarchique et maximaliste. Ick est son œuvre à part entière : un film de monstres déjanté qui se double d’une satire mordante de l’apathie moderne face à la catastrophe planétaire.

L’énergie chaotique du film est palpable dès les premières minutes. Un prologue frénétique, situé dans les années 2000, suit Hank (Brandon Routh), ancien quarterback vedette du lycée, dont la vie s’effondre après une blessure mettant fin à sa carrière. Il perd sa petite amie pom-pom girl, Staci (Mena Suvari) et sombre dans l’alcoolisme et l’oubli dans la petite ville d’Eastbrook. Kahn filme cette séquence avec un rythme effréné : mouvements de caméra tourbillonnants, montage frénétique et gags visuels à profusion. La nostalgie est omniprésente : en quelques minutes, la bande originale enchaîne les tubes du début des années 2000 comme « Swing Swing », « The Reason » et « Fall For You », laissant le spectateur essoufflé sous le poids de cette overdose de références à la pop culture.

Retour au présent : Hank s’est repris en main et enseigne désormais les sciences dans le même lycée, même si ses élèves le considèrent comme un personnage déchu. D’étranges filaments noirs se glissent silencieusement dans chaque scène : une substance inexpliquée appelée « le Mal ». Le monde s’est habitué à sa présence, la considérant comme un bruit de fond inoffensif. Seuls Hank et l’une de ses élèves, Grace (Malina Weissman) qui se trouve être la fille de Staci  perçoivent le danger. Lorsque l’Ick se réveille soudainement, dévorant tout sur son passage, leurs craintes se révèlent bien réelles.

Une fois le chaos déclenché, le film ne faiblit jamais. C’est un véritable déferlement sensoriel qui exaltera certains spectateurs, en épuisera d’autres. Avec des clins d’œil à The Blob, The Faculty et aux recettes des blockbusters des années 80, Kahn canalise l’énergie frénétique de Detention, mélangeant avec une joie communicative genres, clichés et vestiges culturels accumulés au fil des décennies. Ceux qui se laisseront emporter par le tourbillon trouveront Ick aussi divertissant qu’implacable.

Critique de film : ICK (2025)
CONCLUSION
Ick est un film qui plaira avant tout aux fans de cinéma de genre à l’ancienne, aux nostalgiques des années 2000 et à ceux qui apprécient un chaos contrôlé au service d’une satire sociale acerbe. En revanche, son rythme effréné et son manque d’approfondissement narratif pourront laisser de côté une partie du public. Une œuvre inégale, mais audacieuse.
Note des lecteurs4 Notes
POSITIF
Créature originale et visuellement grotesque, efficace dans le genre creature feature
Performance charismatique de Brandon Routh en Hank, avec une bonne chimie avec Malina Weissman
Rythme frénétique et montage énergique, immersif pour les fans de style clipesque.
Bande-son nostalgique des années 2000 (All-American Rejects, etc.) et humour satirique acerbe sur l'apathie sociétale
Liberté créative totale grâce au financement indépendant, avec références fun à The Blob et The Faculty
NEGATIF
Montage trop chaotique rendant l'histoire difficile à suivre et les personnages sous-développés
Satire inégale : certaines blagues tombent à plat ou paraissent superficielles.
Climax au bal du lycée moins impactant que les attaques précoces (fête maison)
Effets visuels et jeu d'acteurs parfois surjoués ou inconstants.
Style hyperactif qui épuise et manque de cohérence narrative globale.
2.5

La satire du film est mordante. Comme dans la plupart des films de monstres, la créature représente quelque chose de plus profond  ici, l’indifférence volontaire de l’humanité face à la crise. Lorsque les agences gouvernementales tentent d’intervenir, les habitants réagissent avec une indignation feinte, débitant des théories du complot et refusant d’annuler le bal de promo. Kahn ridiculise tout, des postures « woke » au déni réactionnaire, avec un enthousiasme débridé. Toutes les blagues ne font pas mouche, mais le rythme effréné fait qu’elles ne s’éternisent jamais et n’endommagent jamais l’énergie du film. Sous cette surenchère caricaturale, la métaphore de Kahn reste pertinente : un monstre né de la complaisance.

Si Ick pêche, c’est par sa difficulté à maintenir son rythme effréné. Detention jonglait avec plusieurs genres à la fois, se réinventant constamment ; Ick reste globalement linéaire, hormis une intrigue secondaire mineure concernant la paternité de Hank. L’attaque du bal de promo dans le troisième acte, bien que divertissante, ne parvient pas à égaler le massacre de la fête privée qui a eu lieu plus tôt dans le film. Pourtant, l’engagement de Kahn envers le maximalisme empêche le film de stagner. Ick risque d’aliéner autant de spectateurs qu’il les captive, mais c’est précisément le but recherché : Kahn refuse de diluer sa vision. Le voir déchaîner un chaos cinématographique sur l’écran pour un pur plaisir créatif est désordonné, débridé et absolument exaltant.

Ick est un film qui plaira avant tout aux fans de cinéma de genre à l’ancienne, aux nostalgiques des années 2000 et à ceux qui apprécient un chaos contrôlé au service d’une satire sociale acerbe. En revanche, son rythme effréné et son manque d’approfondissement narratif pourront laisser de côté une partie du public. Une œuvre inégale, mais audacieuse.

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