Depuis les débuts d’Internet, on s’en sert pour se faire peur. Si vous avez grandi à une certaine époque, vous vous souvenez sans doute de ces fameuses vidéos à sursauts, comme celle-ci ou des interminables chaînes de courriels annonçant la visite d’un démon sans yeux à 3 heures du matin si l’on ne transférait pas le message à dix personnes.
Bien que ces premières frayeurs en ligne aient largement disparu, un pan de l’horreur sur Internet prospère encore : les creepypastas. Nombre de ces récits glaçants ont été adaptés au cinéma avec des résultats mitigés et oublions le film Slender Man mais d’autres adaptations sont en préparation. Crispin Glover par exemple tiendra le rôle principal dans l’adaptation de « The Third Parent », tandis qu’A24 produit « The Backrooms » inspiré du phénomène viral de found footage de Kane Parsons, lui-même inspiré d’une discussion terrifiante sur 4chan.
Pourtant, d’innombrables histoires restent encore à exploiter, attendant la bonne équipe créative pour les transformer en véritables classiques de l’horreur sur grand écran. Voici ceux qui, selon nous pourraient tenir leurs promesses.
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Jeff the Killer – James Wan
Même si vous n’êtes pas un expert en creepypastas, il y a de fortes chances que vous ayez déjà vu l’image ci-dessus ou au moins entendu parler de Jeff the Killer. Figurant parmi les histoires les plus emblématiques de la culture horrifique en ligne, le récit de Jeff circule sur Internet depuis le début des années 2000. La version la plus populaire, écrite en 2011 par Joshua Jordan utilisateur de DeviantArt raconte l’histoire d’un adolescent harcelé, atrocement brûlé par ses agresseurs et qui se transforme ensuite en un tueur en série impitoyable.
Avec le temps, les fans qui trouvaient autrefois l’histoire terrifiante ont fini par la percevoir avec un mélange de nostalgie et d’amusement, reconnaissant son charme involontairement kitsch. Cette conscience de soi est précisément ce qu’une adaptation cinématographique devrait exploiter au lieu de l’éviter. C’est pourquoi James Wan dont le travail parvient à un équilibre parfait entre frissons authentiques et absurdité ludique, serait le choix idéal pour porter Jeff the Killer à l’écran.
Borrasca – Mike Flanagan
Dans le vaste univers des creepypastas, rares sont les récits qui ont atteint le statut légendaire de Borrasca. Figurant régulièrement en tête des listes de favoris des fans, il se distingue par son intrigue complexe, ses personnages nuancés et ses thèmes profondément troublants. Apparue pour la première fois sur Reddit en 2015, l’histoire de C.K. Walker dévoile un mystère glaçant dans une petite ville, un récit qui semble taillé sur mesure pour une adaptation cinématographique. Une version podcast, animée par Cole Sprouse a été diffusée de 2020 à 2022 mais le matériau appelle un long métrage réalisé par un cinéaste capable de manier avec brio la profondeur émotionnelle et la terreur pure.
C’est là qu’intervient Mike Flanagan, maître du cinéma d’horreur contemporain, dont la filmographie de Doctor Sleep à Midnight Mass témoigne de sa maîtrise dans l’art de mêler drame envoûtant et frissons authentiques. Admirateur fervent de Borrasca, Flanagan a même fait appel à Walker (de son vrai nom Rebecca Klingel) pour ses propres projets, The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor. Si quelqu’un est destiné à porter Borrasca à l’écran, c’est sans aucun doute Flanagan, une fois qu’il aura terminé ses prochains projets comme Carrie, Gueule d’argile et L’Exorciste, bien sûr.
Penpal – Jennifer Kent
À l’instar de Borrasca, Penpal de Dathan Auerbach initialement publiée sur le forum r/nosleep de Reddit en 2011 demeure un classique incontournable des creepypastas et figure régulièrement parmi les histoires les plus dignes d’une adaptation cinématographique. Penpal explorant un univers profondément troublant, relatant les souvenirs d’enfance obsédants d’un narrateur anonyme, exigeait un réalisateur capable d’aborder des thèmes difficiles avec sensibilité tout en insufflant une terreur authentique. Jennifer Kent connue pour The Babadook et The Nightingale possède précisément cet équilibre entre nuance et intensité, ce qui fait d’elle un choix exceptionnel pour porter à l’écran le récit glaçant d’Auerbach.
The Pancake Family – Zach Cregger
Tout amateur de creepypasta digne de ce nom frémit à la simple évocation de « The Pancake Family » d’A.A. Peterson. Ce récit d’une horreur infâme, raconté du point de vue d’un détective enquêtant sur la disparition mystérieuse d’une famille entière, exige un cinéaste à la fois sensible au grotesque et capable de développer des mystères qui se dévoilent lentement. Avec « Barbarian » et « Weapons » à son actif, Zach Cregger a déjà prouvé qu’il possédait le parfait équilibre entre brutalité et finesse pour un tel projet. Son style narratif sombre et incisif collerait parfaitement à « The Pancake Family » ; alors, une fois son travail sur l’adaptation de « Resident Evil » terminé, nous serions ravis de le voir nous concocter ce récit macabre.
BEN Drowned – Jane Schoenbrun
En mêlant l’horreur internet angoissante de « We’re All Going to the World’s Fair » à la mélancolie nostalgique et initiatique de « I Saw the TV Glow », la réalisatrice Jane Schoenbrun a déjà démontré le talent et la capacité à créer l’atmosphère nécessaires pour donner vie, de manière glaçante et authentique à l’une des creepypastas de jeux vidéo les plus célèbres : « BEN Drowned ».
Écrit par Alexander D. Hall, plus connu sous le pseudonyme de Jadusable, « BEN Drowned » raconte l’histoire d’une copie maudite de « The Legend of Zelda : Majora’s Mask » qui tourmente le joueur par d’étranges bugs et distorsions du jeu culte avant de basculer dans une spirale bien plus sombre.
Dans ses deux films, Schoenbrun explore avec constance la fragilité de la frontière entre fiction et réalité, notamment à travers le prisme des médias et de la culture numérique. Avec leur prochain projet, le film d’horreur décalé Teenage Sex and Death at Camp Miasma qui se profile à l’horizon, on ne peut qu’espérer que Schoenbrun prêtera un jour sa vision unique à une adaptation de cette légende internet obsédante.
The Left/Right Game – Nia DaCosta
Avec Candyman (2021), la réalisatrice Nia DaCosta a exploré les racines légendaires du conte classique, créant une histoire troublante et profondément angoissante. La série creepypasta acclamée de Jack Anderson, The Left/Right Game explore une peur similaire : née des rumeurs, des murmures et de la frontière floue entre mythe et réalité en suivant un groupe d’enquêteurs du paranormal qui tentent de percer les mystères du jeu éponyme.
Adapter The Left/Right Game pourrait également être l’occasion idéale pour Nia DaCosta de retrouver sa collaboratrice habituelle, Tessa Thompson (Little Woods, Hedda) qui a produit et joué dans l’adaptation podcast de QCODE, saluée par la critique en 2020. Avec la suite très attendue de DaCosta, 28 Years Later : The Bone Temple qui sortira en salles en janvier, elle aura bientôt du temps pour un nouveau projet d’horreur, et The Left/Right Game semble être une suite idéale.
1999 – Osgood Perkins
Avec Longlegs, Le Singe, Keeper et le prochain The Young People, Osgood Perkins a passé ces dernières années à hanter les nuits des amateurs d’horreur. Alors, s’il lui arrive de préférer adapter un scénario existant plutôt que de créer un nouveau cauchemar original, une histoire semble taillée sur mesure pour lui.
Dans 1999 de Camden Lamont, un homme nommé Elliot se remémore une série d’émissions pour enfants étranges et artisanales qu’il regardait sur la obscure chaîne de télévision Caledon Local 21. Chaque émission semblait être l’œuvre d’un seul créateur : un animateur appelé M. Bear dont les intentions étaient bien plus sombres qu’il n’y paraissait. En relisant sa correspondance troublante avec M. Bear, Elliot découvre la sinistre vérité qui se cachait derrière ces émissions. À l’instar de Longlegs, 1999 mêle enquête criminelle, nostalgie inquiétante et terreur psychologique, plongeant dans un univers de plus en plus sombre.
Room 733 – M. Night Shyamalan
Un récit surnaturel en huis clos ? Voilà qui semble tout à fait dans le style de M. Night Shyamalan. Dans Room 733 de C.K. Walker, deux colocataires emménagent dans leur résidence universitaire et découvrent que la chambre voisine porte un surnom sinistre : la « Chambre du suicide ». L’atmosphère devient rapidement inquiétante.
Fort de sa longue filmographie de films d’horreur à succès, Shyamalan pourrait aisément transformer Room 733 en une œuvre profondément terrifiante (à la manière du Sixième Sens), tout en conservant l’humour décalé et les moments forts qui caractérisent le récit (à la manière de The Visit). Et sa fille, la chanteuse et actrice Saleka Shyamalan, serait parfaite dans le rôle de cette jeune femme entraînée dans les mystères étranges de la résidence.
Bedtime – Kyle Edward Ball
Dans la creepypasta « Bedtime », écrite par l’utilisateur Reddit Mike_Rants, un adulte raconte une série d’expériences terrifiantes qui le hantaient enfant, chaque fois qu’il tentait de s’endormir. Bien que courte, « Bedtime » retranscrit parfaitement cette terreur enfantine de rester éveillé dans une chambre noire, à fixer des ombres mouvantes sur le mur, en se répétant qu’il ne s’agit que d’ombres, et non de quelque chose qui rôde dans l’obscurité.
En 2022, le premier film expérimental de Kyle Edward Ball, « Skinamarink », a évoqué cette même peur primale, plongeant les spectateurs dans un univers onirique minimaliste qui est devenu l’un des films d’horreur les plus commentés de la décennie. Qu’on l’ait trouvé terrifiant ou ennuyeux, force est de constater que Ball est le cinéaste idéal pour donner vie à une creepypasta inspirée par les nuits blanches. Son prochain projet, « Land of Nod », laisse penser qu’il continue d’explorer cette étrange intersection entre l’imaginaire enfantin et l’angoisse nocturne.